Portraits littéraires de la Nouvelle Orléans
Portraits littéraires de la Nouvelle Orléans
Charles Testut, Portraits littéraires de la Nouvelle Orléans. Texte établi par Virginia-Kate Mather.
Les littératures en émergence, surtout minoritaires, ne s’accommodent pas toujours du discours critique. Critiquer, croit-on, c’est révéler les faiblesses d’une production précaire ; sans compter que, dans un petit milieu où la complaisance est souvent de mise, les prétentions des uns et les susceptibilités des autres supportent mal que leurs efforts soient jugés, évalués en tant qu’œuvres. Et pourtant, rien n’est plus bénéfique, rien n’est plus nécessaire au développement d’une véritable institution littéraire que le concours d’instances critiques qui puissent la légitimer. C’est justement pour cela qu’en 1850, Charles Testut (1819-1892) bravera les écueils « cachés sous les flots mouvants des petites passions », pour publier ces Portraits littéraires de la Nouvelles-Orléans, esquisses de plus d’une cinquantaine d’écrivains louisianais.
Médecin, journaliste et militant des causes progressistes, Testut s’est installé à la Nouvelle-Orléans suite à un terrible séisme survenu en 1843 en Guadeloupe, où il résidait alors, ayant quitté sa France natale. Il est surtout connu pour son roman Le Vieux Salomon (1872), plaidoyer anti-esclavagiste et antiraciste paru à une époque de dangereuse nostalgie pour l’Institution particulière.
Quelle image du champ littéraire louisianais nous renvoie-t-il à travers cette galerie de Portraits littéraires ? Testut ne prend pas de gants et sa plume ne ménage guère les sentiments des auteurs, blancs et de couleur, Créoles et immigrés. Il en ressort un aperçu d’une littérature qui cherche à prendre pied, faite de talents qui cherchent leur voix et de quelques voix d’exception qui risquent de se taire, faute d’encouragements. Et si, par souci de son objet, le critique s’est promis « d’oublier toujours l’homme, pour ne voir que l’écrivain », il ne néglige pas de nous donner une idée suffisamment humaine de ce premier pour nous intéresser à ce dernier. En premier chef, nous y retrouvons Testut lui-même. Clint Bruce
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Emerging literatures do not always fit within neat and clear-cut critical frameworks and when critics delight in unmasking the weakness of a writer’s literary production, this endeavor becomes especially painful. However, nothing is more beneficial and necessary for the development of healthy literary institutions than the critic whose work helps to legitimize it. Such is the case for Charles Testut who in 1850 braved the “reefs hidden beneath the turbulent waters of small-minded passions” to publish the fifty sketches contained in his Portraits littéraires de la Nouvelle Orléans. A doctor, journalist and progressive militant, Testut made his way to the Crescent City after the devastating earthquake in Guadeloupe in 1843. In his adopted homeland, he soon became known for his anti-slavery and anti-racist novel, Le Vieux Salomon (1872).
What sort of intellectual milieu will the reader discover in this gallery of literary portraits? Testut isn’t afraid to ruffle the feelings of his subjects, be they white or of color, Creole or immigrant. The modern reader will catch a glimpse of a regional literature that is attempting to define itself, made up of literary talents who are searching for their own voice and who were sometimes reduced to silence. The critic promises to “forget the man and see only the writer,” but the author we come to appreciate most is Testut himself. Clint Bruce
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ISBN: 978-098573451-0 .