Alfred Mercier, La Fille du prêtre : Récit social. Introduction et notes de D.A. Kress.

En 1877, lorsqu’Alfred Mercier a publié son histoire d’un prêtre, Théotime de Kermarec, qui met enceinte et puis abandonne une jeune paroissienne, il a suscité toute une polémique dans la ville du Croissant. Cette réaction était tout à fait compréhensible dans ce milieu francophone où les lecteurs des journaux recevaient une bonne dose de littérature française chaque semaine ; où on savourait Hugo, Dumas, Sand et Daudet avant de se contaminer au contact de la poésie de Baudelaire. Surtout, le grand public de la ville raffolait des romans sentimentaux par des écrivains français dont les noms et les écrits ont sombré dans les abimes noirs de l’oubli.

Dans cette communauté ballotée par des bouleversements sociaux et politiques, par des vagues répétées de fièvre jaune et par le déclin progressif de son pouvoir économique, le roman de Mercier semblait renverser le dernier pilier de la stabilité sociale – l’Église. Pourtant, en fin de compte La Fille du prêtre dépeint l’odyssée spirituelle de tout individu qui, comme Théotime, s’est égaré dans le mauvais sentier parce qu’il n’avait véritablement rien appris puisqu’il vivait sans questionner les idées reçues de son époque. Alfred Mercier remettait en cause toutes les conventions qui soutenaient un système social injuste ; voilà à la fois la « faute originelle » et la victoire spirituelle de son roman de mœurs, La Fille du prêtre.

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ISBN: 978-1-7320925-8-7