Contes d’une grand-mère louisianaise
Contes d’une grand-mère louisianaise
Sidonie de La Houssaye, Contes d'une grand-mère louisianaise. Introduction et notes de Jonathan Vidrine.
«Vous connaissez ma situation, mon cher monsieur, ma plume est mon soutien et celui de mes enfants», confiait Sidonie de La Houssaye à George Washington Cable en 1884. Si ce simple aveu ne renfermait que les chagrins et la détermination d’une veuve nécessiteuse, son pathétique serait déjà touchant. Qu’il agisse en fait d’une volonté littéraire, maintenue contre vents et marées dans la petite ville de Franklin, voilà un exemple tout à fait exceptionnel dans le champ de la production littéraire franco-louisianaise. Car, au cours d’une existence ballottée par les revers du hasard, Sidonie de La Houssaye ne dérogea jamais à ses deux devoirs les plus sacrés : celui d’élever ses enfants et petits-enfants et celui d’écrire.
L’anthologie Contes d’une grand-mère louisianaise, recueillie, transcrite et présentée par Jonathan Vidrine, représente la convergence de ces deux projets. Sous ses dehors austères de matriarche et de maîtresse d’école, Sidonie de La Houssaye couvait une imagination des plus audacieuses. En témoignent ses romans Les Quarteronnes de la Nouvelle-Orléans, qu’elle signa « Louise Raymond ». Or, si les contes destinés à ses petits-enfants laissent de côté les thèmes osés de ses écrits pour adultes, sa vision sociale reste la même. Anti-raciste et proto-féministe, de La Houssaye voulut transmettre à ses jeunes lecteurs des valeurs menacées par le conservatisme sudiste, le capitalisme américain et la brutalité de l’indigence. Des «Petits Soldats» aux «Petits Vagabonds», l’empathie, le partage et l’égalité sont valorisés et l’avarice, la méchanceté et la déloyauté dûment réprouvées. Tout compte fait, le grand mérite des Contes d’une grand-mère louisianaise aura été de ramener à des topoï simples et émouvants une généreuse justice sociale, trame morale qui nous fournit la clé de l’ensemble de l’œuvre de cette prolifique écrivaine créole.
—
“You are familiar with my circumstances, my dear sir; my pen is my livelihood, as well as my childrens’,” Sidonie de La Houssaye confided to George Washington Cable in 1884. If this simple statement did nothing more than show the fortitude of a desperate widow, it would already be worthy of note. However, de La Houssaye offers a glimpse of her steadfast determination to carve out a niche for herself among French-speaking writers of the New World. Throughout her life, buffeted repeatedly by reversals of fate and fortune, she held fast to the two duties most sacred to her: raising her orphaned grandchildren and writing.
The anthology, Contes d’une grand-mère louisianaise, transcribed, edited and presented by Jonathan Vidrine, unites Sidonie de La Houssaye’s twin passions. Underneath the hard exterior of a rough and tumble schoolmarm, de La Houssaye, nurtured an audacious literary imagination that produced such daring works as her Quarteronnes de la Nouvelle-Orléans. While her stories written to teach her young students to read leave behind the shocking themes found in her Quarteronnes, her social vision remains unchanged. Antiracist and proto-feminist, de La Houssaye sought to inculcate in her young readers values that were threatened by southern conservatism, American capitalism, and crushing poverty. From her “Petits Soldats” to her “Petits Vagabonds,” empathy and a quest for egalitarian ideals triumph over avariciousness, cruelty and disloyalty. Perhaps the greatest merit of these Contes d’une grand-mère louisianaise is that they distill to the purest and most moving form the notions of social justice that characterize de La Houssaye’s work. In this, they offer us a key to understanding the entire œuvre of this prolific Creole writer.
—
ISBN: 978-0-9754244-1-4.